« Sweet Helga Hufflepuff »

Helga est sans doute la plus joviale des quatre fondateurs, mais aussi la plus tolérante et la plus ouverte. Elle a créé sa maison à son image, et c'est la raison pour laquelle elle y accepte tous les élèves n'ayant pas leur place ailleurs. D'autre part, elle a hérité de sa mère un don inné pour l'enseignement et la pédagogie. Sa patience et son soutien sont sans failles. Bien sûr, certains profitent de cela pour traiter Hufflepuff de faible, de ridicule, voir même d'idiote. Non, elle ne rêve pas de devenir la sorcière la plus puissante au monde, ni de dominer les moldus, ni d'amasser des connaissances infinies, ni même de prouver son courage aux autres. Elle estime qu'être sorcière suffit à son bonheur, et que le seul moyen que cela dure est de trouver des terrains d'entente avec les moldus. Non, ce n'est pas faire preuve d'irréalisme ou même de naïveté. Qu'y a-t-il donc de mal à se satisfaire de ce qu'on peut avoir par la seule somme de nos efforts ?

Helga courait presque, bien qu'elle sache le sol du manoir glissant par endroit tant ses dalles étaient anciennes. Elle savait cependant que sa mère aimait la ponctualité, y compris chez sa traîneuse de fille. Pourtant celle-ci n'était pas allée bien loin, c'est à peine si elle était sortie faire une courte balade à cheval dans la campagne avec sa cadette. Mais l'heure avait vite tourné, et elle savait à présent que son cours aurait dû commencé depuis une bonne demi-heure. "L'heure avait vite tourné" ? Ou était-ce Helga qui avait perdu la notion du temps ? En voilà, une excellente question.

Elle déboula dans le salon du second étage en faisant un magnifique dérapage et manqua de se vautrer sur le tapis brodé vieux d'au moins un demi-siècle. « Mère ! Désolée... Ambre s'est mise à boiter sur le chemin du retour, alors j'ai dû descendre et continuer à pied, du coup... » Madame Hufflepuff, bien installée dans un des larges fauteuils devant la cheminée, regarda sa fille en haussant un sourcil. Ce seul regard suffit à lui faire comprendre qu'il était inutile qu'elle continue d'inventer... Quelle piètre menteuse elle faisait. « Cesse donc de reporter la faute sur ton cheval et enlève ta cape. Je n'ai pas toute la soirée, mademoiselle Hufflepuff ! » Elle essayait de prendre une expression réprobatrice, mais finit par sourire en voyant la mine déconfite de sa fille. « Aujourd'hui, j'aimerais que tu me montres ce sortilège dont tu m'avais parlé, celui que tu sais utiliser sans prononcer la formule.
- L'accio ? D'accord ! »

Helga ne prit même pas la peine de s'assoir. Elle jetta sa cape sur un fauteuil, puis chercha des yeux un objet sur lequel utiliser la magie. Son regard s'arrêta sur une vieille plume posée sur le montant de la cheminée. Elle repoussa les boucles de ses cheveux d'un geste distrait, puis commença à se concentrer. Elle leva d'abord la main, et durant quelques secondes elle canalysa l'énergie magique à travers son corps jusqu'à la diriger vers la plume. Elle n'eut alors qu'à formuler le sortilège mentalement, et la plume vint docilement se placer entre ses doigts.

Madame Hufflepuff avait observée la scène avec intérêt, et elle arborait à présent une expression songeuse. Helga fronça les sourcils. « Ai-je fais quelque chose de mal, mère ?
- Non, c'est juste qu'à ton âge, c'est assez surprenant. Tu seras sûrement très douée dans ce domaine plus tard.
- Tant mieux, parce que crier haut et fort ce qu'on fait, ça me parait idiot. »


À l'âge de 16 ans, Helga passa deux années sur les routes, traversant le Pays de Galle puis l'Angleterre, visitant presque chaque comté dans lequel elle se rendait. Elle était bien sûr accompagnée de sa soeur Rosa, de cinq ans son ainée, qui continua son éducation et sa formation en magie. Elle acheva également d'apprendre la maniement des armes, et devint une cavalière très douée. C'est entre autre pour cette raison que quand elles revinrent au Pays de Galle, Helga eut l'idée folle de se rendre au tournois de sorciers dont elle avait entendu parler, non pas uniquement pour y assister comme elle le fit croire à ses parents, mais aussi pour y participer...


Le sourire d'Helga était inaltérable. Sa joie et son émotion transparaissaient à travers ses traits, et brillaient dans ses yeux. Cela faisait longtemps qu'elle avait cessé de prêter attention à ceux qui se pressaient autour d'elle pour la féliciter, lui serrer les mains, tapoter son épaule et répéter leur admiration. Son casque était toujours abaissé, de telle sorte qu'aucun d'eux ne se doutait encore qu'elle n'était pas le valeureux chevalier qu'ils s'étaient tous imaginés. Le fait qu'elle n'ait pas vaincu son dernier adversaire n'atténuait en rien la félicie dans laquelle Helga baignait, ni l'excitation de la foule de spectateurs qui se serraient près d'elle ne serait-ce que pour lui adresser un mot.

Une voix de femme, ferme et autoritaire, fit taire le chaos sonore qui avait envahit l'endroit. Les sorciers s'écartèrent alors pour laisser passer celle qui avait géré l'organisation du tournois avec brio : la dame Ravenclaw. Helga aurait été incapable de se souvenir son prénom. La noble dame s'approcha jusqu'à se trouver en face d'elle, et elle remarqua alors ce qu'elle portait avec précaution. Une coupe en or, sur laquelle était gravé un blaireau. Toujours silencieuse, elle plaça la coupe entre les mains d'Helga, puis souleva celles-ci jusqu'à ce que tous puissent apercevoir le présent. Des exclamations réjouites et surprises s'élevèrent de la foule, que Ravenclaw s'empressa de calmer d'un geste.

« Voici le combattant le plus méritant de ce tournois, le brave... Quel est votre nom ? »

Helga n'hésita qu'un instant, avant de retirer son casque et de détacher ses cheveux, les laissent tomber en cascade jusqu'au bas de son dos. Elle adressa un sourire chaleureux à Rowena, qui aussitôt parut bouleversée, car elle s'attendait sans doute à tout sauf cela.

« Je vous remercie, ma dame. Mon nom est Helga Hufflepuff. »


Quelques heures seulement après la fin du tournois, Rowena vint rencontrer Helga dans les appartements qui lui étaient alloués, à elle et à sa soeur. Quelle ne fut la surprise de la jeune Hufflepuff quand la dame lui demanda de l'aider à se libérer et de la suivre dans son escapade. Helga accepta immédiatement. Imaginer Rowena et sa fille vivre sous la coupelle d'un mari qu'elle n'avait pas choisit l'indignait au plus haut point. Rosa ne s'opposa pas à la décision d'Helga et envoya un hibou à leurs parents pour les prévenir.

Hogwarts fut d'abord un endroit qui inquiétait assez Helga. Elle imaginait assez mal une école dans un lieu pareil, mais grâce aux encouragements de Rowena, Godric et Salazar, elle finit par être convaincue qu'ils en étaient capables. Helga ne connaissait ni Godric ni Salazar, cependant elle se lia rapidement d'amitié avec eux, bien que les idées arrêtées de Salazar lui déplaisaient fortement. Au final, la création des quatre maisons fut l'une des meilleures décisions qu'ils prirent, car elle leur évita les nombreuses divergences causées par la direction multiple. Après une décennie de dur labeur, l'école ouvrit enfin ses portes et Helga réalisa un de ses rêves les plus chers : commencer à transmettre aux jeunes sorciers ce que ses parents lui avaient appris, que ce soit en matière de magie ou de tolérance.