HIÉRARCHIE ❖ répartition du pouvoir

Ælthered II (né en 946*), connu sous le sobriquet du « Malavisé », est le troisième fils du défunt roi Edgar. Écarté du trône en 959, à la mort de son père, en faveur de son demi-frère Édouard « le Martyr », il monta sur le trône suite à l'assassinat de ce dernier trois ans plus tard (962). Sa mère Elfrida (ou Ælfthryth), accusée d'avoir trempé dans le complot ayant conduit à la mort d'Édouard, fut condamnée à mort peu avant son ascension, perte qui l'affaiblit dès les balbutiements de son règne. Propulsé à un rang qu'il n'avait pas réellement été préparé à assumer en tant que benjamin, il devint dès lors le jouet de ses conseillers, sous l'impulsion desquels il enchaîna les erreurs de stratégies durant une année entière, durant laquelle le peuple fut particulièrement brimé et les attaques menées par les royaumes ennemis et les barbares considérables, provoquant nombre de pertes. Son mariage avec Ælflaed Prewett en 963 fut salvateur : fille de Thored Prewett, le Comte de Northumbria de cette époque, elle s'avéra pleine de pragmatisme et de logique, apte à discerner les recommandations justes et à écarter les suggestions intéressées. Sa poigne de fer et sa discrétion empreinte de déférence, ainsi que la bonté dont elle fit preuve en tentant d'alléger les peines du peuple, ne tardèrent pas à lui faire gagner le cœur du peuple. De cette union naquit un garçon :

• le prince Æthelstan (963-965) : de santé fragile, il succomba à la fièvre à l'âge de deux ans à peine.

La peine due à cette perte fut accrue par l'aigreur entraînée par l'inconstance de son époux, et éveilla en Ælflaed, dit-on, les rancœurs et méfiances propres à sa contrée d'origine. Tant et si bien que le dégoût qu'elle en vint à nourrir à l'égard d'Ælthered la conduit à tenter de l'empoisonner. Découverte avant d'être parvenue à ses fins, elle fut décapitée l'année même du décès du jeune prince. Cette double tragédie, comme on l'appelle encore aujourd'hui, causa l'effroi et la colère de la plèbe. La vague de mécontentement fut rapidement punie par un alourdissement des taxes et l'exécution publique d'un petit groupe de rebelles ayant ouvertement défié le Roi.

Une certaine Ælgifu Gunnarsson lui succéda seulement un an plus tard au titre de reine, en 966. Bien vite, elle fut raillée par la noblesse pour son ascendance floue; on l'accusa sous cape d'être une parvenue, une ensorceleuse de basse extrace ayant joué de ses charmes et profité de la faiblesse du Roi. Plus encore, la défunte reine lui faisant de l'ombre, elle subit l'insoumission de ses serviteurs et la défiance du peuple, en plus des fréquents abandons de son époux. Avec pour seule compagnie son isolement quasi-total, sa fierté bafouée et un cuisant sentiment d'injustice, elle développa un caractère excessivement suspicieux et revanchard, n'hésitant pas à se venger durement de ses ennemis, avérés ou supposés. De ce second mariage naquirent six enfants :

• le prince Eadred (967) : mort-né;
  
  
• le prince héritier Graham Eltheredson (libre) : né en 968, il est rôdé à la maitrise des armes et préfère la chasse et le combat ― qui lui valent les soupirs extasiés des jeunes femmes ― aux pourparlers longs et ennuyeux. Bien que n'étant pas foncièrement mauvais, il a été principalement élevé par sa mère, ce qui se ressent dans son caractère : impulsif du fait de son arrogance sans bornes, petit prince capricieux habitué à être comblé d'attention et d'admiration, il oscille sans cesse entre sa sensibilité naturelle et les graines de haine, la soif de vengeance qu'elle a implantées dans son cœur dès sa plus tendre enfance. Son ambivalence n'a d'égale que sa soif de pouvoir, si bien qu'il peut se montrer particulièrement hargneux et retords envers quiconque semble vouloir lui prendre son titre d'héritier. On murmure que l'accident qui vit mourir son jeune frère Lancelot serait à l'origine de son instabilité... Seraient-ce les conséquences d'une culpabilité aigüe?
  
  
• le prince Lancelot (970-979) : jeune garçon rêveur et à l'âme aventurière, il vouait à Graham une admiration incompréhensible, tandis qu'il n'était clairement qu'une charge pour ce dernier. Il disparut au printemps 979 au cours d'une partie de chasse menée par son aîné, alors qu'il avait insisté pour l'accompagner, au grand dam du concerné. Nul ne saurait dire ce qu'il est advenu de lui : il semble s'être tout bonnement évanoui dans la nature, et les battues menées des jours durant pour le retrouver sont restées sans résultat.
  
  
• La princesse Siubhan Nielthered : née en 972, elle a sans conteste hérité de la grâce féline et de la beauté de sa mère, mais aussi d'un caractère sournois et capricieux. L'amour aveugle que lui porte son père lui a jusqu'à présent permis de repousser tous ses prétendants, puisque pas un n'a encore trouvé grâce à ses yeux. Jeune femme convoitée, elle sait plaire et en use plus par orgueil que par besoin d'être aimée. Sœur jumelle de Siubhan, elle l'adore mais ne peut s'empêcher de lui attirer toutes sortes d'ennuis. Les torts qui lui sont imputables retombent d'ailleurs constamment sur sa cadette... Tous et toutes lui cèdent, hormis cette jumelle qui la connait trop bien pour être dupe de ses manigances et ce demi-frère qu'elle exècre : l'indésirable Tristan, auquel elle n'a de cesse de causer préjudice.
  
  
• La princesse Siùsaidh Nielthered : née en 972, peu après Siubhan. Si leur physique clame leur gémellité, leur relation est quant à elle tumultueuse, puisque tout le reste les oppose. Siùsaidh est aussi généreuse que sa sœur est égoïste, aussi audacieuse, fougueuse et dévouée aux justes causes que son aînée est précieuse, délicate, parfaitement désintéressée par les misères d'autrui. On peut les surprendre penchées l'une vers l'autre à échanger des messes basses, puis les voir se déchirer (par les mots autant que par les gestes) l'instant d'après; s'ignorer des heures durant en communiquant, de façon fort enfantine, par le biais de leurs demoiselles de compagnie, et enfin se réconcilier en se tombant dans les bras l'une de l'autre...
  Un secret perdure toutefois entre elles : depuis quelques années, Siùsaidh regarde le Bâtard (Tristan) bien autrement que sa sœur ― comme un jeune homme malchanceux plutôt que comme un usurpateur. Habituée elle-même à faire les frais de la méchanceté de sa mère, qui ne la supporte qu'à grand-peine, et à l'indifférence de son père aux yeux duquel elle est sans cesse éclipsée par sa sœur, elle se retient depuis longtemps déjà de l'approcher (autrement que par de simples sourires avenants et quelques rares paroles échangées)... l'envie d'apprendre de lui le maniement des armes reste inavoué, mais la dévore.
  
  
• La princesse Siofra Nielthered : arrivée par accident en 974 alors que, fragilisée par la naissance des jumelles, Ælgifu se devait d'éviter une nouvelle grossesse, Siofra est comme un petit miracle. En effet, autant la mère que la fille ont survécu à l'accouchement, et le couple royal n'a aucunement eu à se plaindre de l'arrivée inattendue de la petite princesse. Siofra est d'une douceur exquise, mais aussi gentiment espiègle puisque quelque peu taquine. Elle se comporte cependant étrangement avec ceux qu'elle rencontre : terriblement timide face aux uns, irrémédiablement ouverte en présence des autres... on ne saurait comprendre sur quels critères elle se base, d'autant que ceux qu'elle tend à apprécier instinctivement s'avèrent souvent malintentionnés, bien qu'elle ait tendance à avoir sur eux une influence incroyablement positive sur eux, qui qu'ils soient. Ses parents la couvent d'un regard inquiet mais indulgent, et cette jeune fille exceptionnelle est sans doute la seule à apaiser, de par sa seule présence, les troubles et les élans cruels de sa reine de mère.

Si le Roi et son épouse la Reine semblent unis lors de leurs apparitions publiques, la distance qui les sépare n'a fait que prendre de l'ampleur au fil du temps; d'autant plus lorsque la rumeur de l'existence d'un fils illégitime est parvenue à la Cour.

• Tristan Eltheredson : communément affublé du sobriquet « Le Bâtard », il naquit en 968, peu de temps avant le prince héritier. La révélation de son existence mit dès lors en rage Ælgifu et son fils aîné, qui virent en lui un indésirable rival. Séparé de sa mère, il subit dès son arrivée au palais les maltraitances de la Reine et les coups bas de Graham. Ses sœurs le rejetèrent également dès son arrivée : Siubhan lui témoigna son inimitié et son mépris par le nombre de problèmes qu'elle lui causa, Siùsaidh l'ignora purement et simplement, tandis que Siofra s'effondrait en larmes dès qu'il se trouvait à proximité d'elle, préférant fuir son regard et sa présence. La seconde, avec le temps, délaissa cependant son attitude première pour se montrer plus avenante, et les crises de paniques de la dernière s'atténuèrent avec les ans. Quand au roi, il serait impossible de dire s'il apprécie ou exècre Tristan : leur unique vrai tête à tête remonte à des années de cela, alors que le jeune homme venait d'arriver au château; le souverain lui avait alors confié la vie de son frère Graham, l'exhortant à se dévouer de toute son âme, de tout son être au prince héritier, au péril de sa vie si nécessaire.